lundi 15 octobre 2018

Le musée-bibliothèque de Grenoble

Avec les visites guidées de l'Office du Tourisme de Grenoble nous effectuons aujourd'hui
10 octobre 2018, la visite du musée-bibliothèque.
Ce compte-rendu est effectué sur la base de la présentation faite par notre guide Vincent.

C'est un édifice du XIXe siècle situé sur la place d'armes avec la statue équestre de Napoléon en son centre. Place d'armes car elle servait aux représentations militaires.
Cette place a été appelée par la suite, place de la Constitution et aujourd'hui place de Verdun.

Ce bâtiment achevé en 1872, a accueilli jusqu'en 1970 la bibliothèque municipale de Grenoble et jusqu'en 1992 les collections du musée de Grenoble.

Les bâtiments sont utilisés aujourd'hui comme lieu d'expositions temporaires et pour l’organisation de salons.
Le site accueille également, depuis 2004, un espace d'information et d'expositions municipales dénommé la Plateforme.

C'est Napoléon III, en déplacement quelques jours à Grenoble en 1860, qui propose de financer un projet important dans la ville.

Hyacinthe Gariel (1812-1890) bibliothécaire et historien se rapproche alors d'Alexandre Debelle, conservateur du musée de la ville dans l'ancien Collège des Jésuites, afin de proposer de construire un bâtiment commun.
A gauche Hyacinthe Gariel, à droite Alexandre Debelle

En mars 1862, le maire obtient du Ministre Gustave Rouland, secrétaire d'état au département de l'Instruction publique et des Cultes du Second Empire, que le projet soit soumis et débattu par la ville, et non imposé directement par le ministère parisien.

Le 29 décembre 1862, le conseil municipal désigne l'architecte parisien Charles-Auguste Questel, qui a débuté l'année précédente, sur la même place, la construction de la préfecture.

Le musée-bibliothèque est bâti de 1864 à 1872.

Charles-Auguste Questel, (1807-1888), est architecte diocésain de Nîmes, Marseille, Ajaccio. En 1844, il obtient un second grand prix de Rome avec un projet de palais

Il est architecte des bâtiments civils de Versailles en 1849, et devient inspecteur général en 1862. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1864. Il est élu membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1871.

Ses principales réalisations :

L'abbaye de Saint-Gilles

L'église Saint-Paul de Nîmes

L'hôpital Sainte-Anne à Paris

Le Musée-bibliothèque de Grenoble

Les aménagements autour du pavillon du Butard à la Celle Saint-Cloud

La réfection de la Galerie dorée de l'Hôtel de Toulouse à Paris. (source wikipedia)

Il propose au maire, un descriptif rédigé sous forme de planches de dessins et de prescriptions techniques. Il préconise les différents types de pierre à utiliser : le calcaire du Fontanil pour la base du bâtiment, la pierre de Sassenage (jaune dorée) pour le soubassement jusqu'à une hauteur de 3 mètres, la pierre de l'Échaillon pour l'encadrement de la porte d'entrée et
des baies et enfin la pierre de Saint Restitut dans la Drôme pour toute la partie supérieure.
La charpente pour le toit et les poutrelles pour les murs sont entièrement métalliques. L'éclairage du bâtiment se fait par le toit à l'aide de verrières.

Le projet est accepté par le Conseil municipal.
Le maire, Eugène Gaillard, demande à l'architecte grenoblois Hector Riondel d'effectuer les devis estimatifs afin de faire démarrer les travaux.
Ce dernier estime le coût total de la construction à 1 210 000 francs pour un bâtiment d'une superficie de 5 000 m2.
Le total des subventions des collectivités et aides de l'Etat promis par napoléon III, ne dépasse pas 900 000 francs.
Il faudra aussi faire face à des surcoûts supplémentaires, en effet, il s'avère que le terrain formé par les alluvions du Drac est trop tendre.
L'architecte Riondel propose alors un système inédit de pieux de bois à enfoncer jusqu'au sol résistant.
Le bâtiment sera construit sur 2 500 pieux de bois enfoncés par groupe de 4 ou 8, jusqu'à 6 mètres de profondeur.
Finalement, le coût total du musée va s’élever à 1 699 377 francs

Il sera fait appel à des donateurs. Des plaques les commémorent dans le grand hall.

La partie muséale sera ouverte au public le 19 juin 1870, mais la guerre franco-allemande qui éclate en juillet et la période de la Commune (1871) retardent la fin des travaux.

Finalement le chantier est réceptionné le 24 mai 1872 et il n’y aura pas d’inauguration.
Elle se fera le 20 juillet 1888 à l’occasion du déplacement à Grenoble du président Sadi Carnot, pour les commémorations à Vizille du centenaire de la pré-Révolution française.

L'ornementation de la façade est traitée en parfaite symétrie.

Elle rassemble tous les éléments allégoriques.

Quatre colonnes corinthiennes encadrent les trois baies vitrées.
La répartition des ouvertures obéit à une logique de composition et non à une logique d’éclairage. L’éclairage intérieur se fait par les grandes verrières du plafond.
La photo aérienne (emprunt sur internet) ci-dessous nous montre parfaitement le système de verrières disposé sur le toit.

En dessous, six médaillons d'hommes illustres, Corneille, Lesueur, Descartes, Pierre Lescot, Louis Cousin, Montesquieu, encadrés par des allégories.

Les allégories de l'Inspiration et de la Nature sont disposées côté musée, et celles de l'Étude et de la Méditation côté bibliothèque.

Au fronton, une tête de Minerve/Athéna, protectrice des arts, et les trois roses du blason de Grenoble.

En dessous, à gauche, les sculptures de style Renaissance des trois muses de la peinture,

de l'architecture et de la sculpture.

À droite celles de la poésie, de la science et de l'histoire.

Les candélabres de part et d’autre de la porte d’entrée sont des copies de candélabres romains exposés au musée du Louvre.

Nous entrons dans le grand hall, commun au musée et à la bibliothèque.
Au plafond sont peintes les armoiries de Grenoble et ses noms antiques, Cularo et Gratianopolis ainsi que les signes du zodiaques.
Aux murs, sont accrochées des tables de pierre blanches où sont gravées les noms des créateurs et des donateurs pour chacune des deux institutions.
Le vestibule possède au sol un décor géométrique tout comme les escaliers monumentaux permettant d'accéder aux trois salles des étages.

En face de l’entrée, dans une niche monumentale, trônait à l'origine une statue de 3,05 mètres de hauteur offerte par Victor Duruy, ministre de l'Instruction publique, représentant une copie de la Pallas de Velletri placée sur un piédestal en pierre de l'Échaillon. Elle est aujourd'hui reléguée dans les réserves du musée.

A gauche de la niche monumentale se trouve la porte d'accès au musée et à droite la porte d'accès à la bibliothèque.

Au-dessus de ces portes nous pouvons voir des fresques de Diodore Rahoult.

Charles Diodore Rahoult est un peintre français, né et décédé à Grenoble (1819-1874).

C'est un peintre de genre et un paysagiste. Il fait partie du groupe de peintres qui se réunissaient à Proveysieux et est rattaché à l'école Dauphinoise.
Plusieurs de ses toiles sont exposées au musée de Grenoble.

Le musée comporte trois grandes salles hautes de 10 mètres environ, éclairées par les verrières du plafond.
 

Les photos d'époque permettent de se faire une idée de la manière dont étaient exposées les œuvres.

La statue de Jean Esprit Marcellin - Le Berger Cyparisse, qui représente, selon une légende mythologique grecque, le jeune berger Cyparisse berçant tendrement une jeune biche à l'agonie, de 1848 a été déplacée place de Gordes en 1850.

Le médaillon de cheminée du 16e siècle en marbre noir, découvert en 1840 dans l'ancien hôtel particulier de Pierre Bucher a rejoint la collection du musée.

Compte tenu de son poids, elle n'a pas rejoint la collection du nouveau musée.

Nous quittons ces immenses pièces d’exposition du rez de chaussée et empruntons le magnifique escalier monumental pour rejoindre les salles Léon de Beylié et Agutte-Sembat du 1er étage.

Léon de Beylié (1849 - 1910 est un général de brigade, archéologue et bienfaiteur du Musée de Grenoble.

Sa carrière militaire se déroule principalement en Indochine française où il meurt accidentellement lors d'un naufrage au cours de sa sixième campagne militaire.

Il envoyait au musée nombre d'oeuvres d'art, meubles, tableaux et objets d'art d'Orient, d'extrême Orient, du Tonkin, d'Indochine... Ils sont restés en place jusqu'en 1970 et sont aujourd'hui remisés dans les réserves du musée.

Le vitrail de la salle est un hommage à l'Asie.
La salle suivante recevait les œuvres d'Agutte Sembat.

Fille de peintre, Georgette Agutte épouse Sembat (1867-1922) s'initie à l'art chez un sculpteur. Elle commence de bonne heure sa carrière artistique et participe régulièrement au Salon des Indépendants et au Salon d'automne. Elle réalise aussi des décorations murales, des sculptures, des céramiques et des bijoux.

Amateurs éclairés, les Sembat collectionnent peintures, sculptures, dessins et objets d'art.

Dans ses dernières volontés Georgette Agutte Sembat indique que leur collection devra regagner un musée de province. A cette date seul le musée de Grenoble est en capacité de montrer des œuvres d'artistes vivants, notamment celles des deux principaux courants représentés : le néo-impressionnisme autour de Paul Signac et le fauvisme autour de Matisse, Marquet, Derain, Vlaminck, ou Van Dongen.
Le legs de la collection qui comprend 44 peintures, 24 dessins, 20 céramiques et 2 sculptures a lieu en 1923.
L'année suivante le musée inaugure les salles destinées à la collection ainsi qu'une sélection d'œuvres de Georgette Agutte.
Les œuvres sont aujourd'hui visibles au nouveau musée.
Une vue de l'exposition avant déménagement.


Nous redescendons dans le hall pour accéder à la bibliothèque haute de 12 mètres avec ses galeries et son jeu de colonnes double, ses cinq coupoles et ses peintures monumentales, que l'on ne peut voir.
En effet, en raison de la décrépitude du plafond, un immense voile a été tendu pour récupérer les débris qui tombent du plafond mais qui hélas masque les peintures

Cette salle était autrefois la salle de stockage des ouvrages.

Quelques photos de la bibliothèque du temps de son fonctionnement, avec à l'entrée le monumental vase de Sèvres que l'on peut voir aujourd’hui dans les salons de la Préfecture.

Adjacentes à cette salle se trouve le groupe des anciennes salles de lecture et du dépôt des livres et des revues de la bibliothèque.
Hélas la décrépitude fait son ouvrage.

Le fonds de la bibliothèque a été transféré en 1970 à la bibliothèque universitaire de Grenoble située boulevard Maréchal Lyautey et les oeuvres du musée dans le nouveau musée inauguré en 1994.

Le musée-bibliothèque est inscrit sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 23 juillet 1992.
Émettons le vœu que des travaux de restauration soient entrepris pour lui redonner sa splendeur d'origine.
En 2000, une scène du film "Les rivières pourpres" a été tournée à l'intérieur de l'ancien musée-bibliothèque, côté bibliothèque.
Les livres étaient des trompes-l'œil.


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze











 
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